2022-2023 : un séminaire italien
Maison de la Société Belge de Psychanalyse, 49 rue Emile Claus, 1050 Bruxelles
« Espaces du vivant – Espaces de la psychanalyse »
2022-2023 : un séminaire italien
Organisé par Jean-Paul Matot et Emanuele Ferrigno
Les conférences se tiendront en présentiel les vendredis de 19h à 21h. En fonction des demandes, une participation par visioconférence pourra être organisée. La participation aux frais s’élève à 80 euros pour l’ensemble des quatre conférences (ou 25 euros par séance) à verser à l’ordre de Martorana 11 S.p.r.l., BE11 0019 2157 4848, BIC : GEBABEBB
Les séminaires cliniques se tiendront le lendemain de la conférence, le samedi de 9h30 à 13h. Les situations cliniques seront présentées par des participants aux séminaires des années précédentes, avec l’orateur invité. Le nombre de participants étant limité à une vingtaine, afin de favoriser des échanges libres et conviviaux, ce séminaire est complet.
Les conférences se tiendront dans les locaux de la Maison de la Société Belge de Psychanalyse, 49 rue Emile Claus, 1050 Bruxelles
Arguments
Le séminaire et les conférences organisées ces dernières années par J-P Matot ont permis de travailler un modèle psychanalytique du psychisme qui étendrait la topique freudienne dans deux directions :
- en postulant des gradients de réalités (et non une réalité interne adossée à une réalité externe) sous-tendus par une pluralité de différenciations dedans/dehors correspondant à des configurations (ou positions ? ou attracteurs ?) psychiques pluriel(le)s ;
- en fondant l’organisation du psychisme sur la non-différenciation, l’informe winnicottien, comme source permanente de la vitalité et de la créativité humaines, connectée à ce que Searles appelait le « non-humain », c.a.d. le vivant sous toutes ses formes. Ce fond non-différencié pourrait être rapproché du ça freudien, mais avec deux nuances importantes : d’une part, ce fond non-différencié devrait être distingué de l’Inconscient refoulé ou clivé, et d’autre part, il ne serait pas animé par une énergie pulsionnelle, mais par une énergie « transitionnelle ».
L’objet du séminaire de cette année sera de poursuivre la réflexion sur l’intérêt (voire la nécessité) d’un tel modèle à deux niveaux : d’une part, pour prendre en compte les dimensions ontologiques des effondrements écosystémiques en cours (dimensions qui imprègnent aussi les théories et les pratiques psychanalytiques) ; et, d’autre part, pour élargir notre compréhension psychanalytique de l’humain, prise dans les transformations culturelles et sociales de ce siècle (notamment, les existences numériques et les identités de genre non binaires) en remettant au travail les paradigmes dualistes.
La psychanalyse italienne, se situant au confluent des psychanalyses francophones, anglo-saxonnes et sud-américaines, mais aussi de la philosophie et de l’anthropologie, a développé une identité et des conceptions originales sous l’impulsion de penseurs dont plusieurs sont insuffisamment connus dans la communauté psychanalytique francophone. Ainsi, les concepts de champ analytique, certains développements de la pensée de Bion, ou de la psychanalyse des groupes, notamment, ont amené des avancées importantes qui restent trop peu reprises et discutées.
Chaque trimestre de l’année académique 22-23 et le premier trimestre de l’année 23-24, un invité italien, dont les travaux font écho aux questions abordées dans notre séminaire, nous proposera, le vendredi soir, une conférence ouverte. Le samedi matin, un participant du séminaire présentera une situation clinique qui sera discutée en groupe restreint avec notre invité.
Aisthesis et Psyché, par Domenico Chianese : à la frontière entre nature et culture, l’émergence de l’esthétique marque la même émergence de l’humain sur l’échelle de l’évolution ; l’esthétique dans la construction de l’homme, se place sur un continuum génétiquement antérieur à la constitution d’une subjectivité. En synthèse, c’est l’esthétique qui peut nous aider à comprendre la naissance du sujet et non l’inverse. Choses, formes, corps, rythmes, images, mots : à la frontière entre le dedans et le dehors, le champ analytique est traversé par la dimension esthétique, patrimoine de tout humain, qui repose sur des dynamiques perceptives (“aisthesis”) qui constituent l’expérience du monde et sont liées aux processus primaires de l’existence, aux pulsions de vie. Dans cette perspective, l’esthétique nous rapproche des valeurs de la vie et est donc aussi une éthique qui promeut dans l’analyse le soin de soi et des autres, en traçant le chemin de notre existence.
Laura Ambrosiano, sous le titre Entre indifférenciation et subjectivation, développera l’argument selon lequel « Indifférencié-différencié sont des notions fondamentales pour la psychanalyse et pour la mentalité diffuse ; la culture diffuse, à chaque moment historique, met un accent particulier sur l’un ou l’autre des deux pôles de ce continuum, privilégiant, tantôt le lien social, tantôt la subjectivation. Nous, les psychanalystes, avons également tendance à placer ces deux notions dans une sorte de hiérarchie (régression-développement, primaire-secondaire) qui réduit la richesse d’un fonctionnement psychique différent mais complémentaire. J’utilise le terme ” indifférencié ” pour indiquer le territoire dans lequel l’investissement dans la subjectivation est suspendu, les frontières entre le sujet et l’objet sont vagues, floues, parfois absentes. Mon hypothèse est qu’il s’agit d’un style de relation avec l’objet, et non d’un évitement de celui-ci, j’imagine en effet qu’une bonne résonance indifférenciée offre la base d’une nouvelle éthique. Les deux tensions à l’indifférenciation et à la subjectivation sont la chaîne et la trame de la croissance : leur imbrication initie et construit le développement de l’individu et l’investissement dans la communauté. Si cette imbrication est affaiblie, chaque fonctionnement peut donner lieu à des dérives pathologiques : le sujet de la performance, l’un, le conformisme du groupe, l’autre, un arrêt dans le sadomasochisme, une difficulté à affronter les limites et le travail de deuil. »
Alberto Lombardozzi nous présentera le thème complexe repris par le titre de sa conférence : Eco-anxiété. Expériences catastrophiques et espoirs des cultures de groupe. Au cours du séminaire, l’orateur approfondira le thème de la relation entre tous ces aspects de la crise contemporaine, qui concernent les angoisses liées à la vitesse à laquelle se manifeste le changement climatique, avec les conséquences qu’ils génèrent non seulement sur l’environnement mais aussi sur l’équilibre psychique des sujets qui partagent leur existence dans cet environnement. A travers l’analyse de la clinique psychanalytique, certaines convergences cruciales seront mises en évidence entre les images sociales de la crise environnementale, les sentiments catastrophiques qu’elles induisent au niveau collectif et les expériences et productions conscientes et inconscientes qui se produisent dans le cabinet de l’analyste dans une articulation dynamique entre l’imaginaire social et la dimension intrapsychique. Dans la situation qui s’est créée ces dernières années, avec l’apparition de la pandémie et la guerre en Ukraine, certains mécanismes de défense comme ceux du déni, de la dénégation et du négationnisme se sont accentués, tant dans la perception sociale que dans les choix liés à des stratégies géopolitiques discutables au niveau planétaire et des États individuels, compromettant les aspirations et les espoirs de changement et la volonté de réparer les dommages causés à l’équilibre environnemental à l’ère de l’Anthropocène.
La conférence de Cosimo Schinaia, Intérieur/extérieur, psychanalyse et architecture, abordera les façons dont « le thème de l’extérieur et l’intérieur dans le cabinet d’analyse peut mettre en relation la réalité de l’espace extérieur du bureau, et plus généralement de l’environnement, avec les vécus transférentiels et contre-transférentiels qui se déploient dans la relation analytique. Après une introduction théorique et de méthode, le conférencier proposera quelques vignettes cliniques à discuter ensemble ».
Cette conférence opèrera ainsi la transition entre les conférences 2022-2023 et le projet du cycle suivant, qui pourrait traiter de ce que l’architecture d’une part, la musique d’autre part (déjà approchée lors de la conférence de Stéphane Ginsburgh en juin 2022), nous apprennent sur le psychisme humain.
Espaces du vivant – Espaces de la psychanalyse
2022-2023 : un séminaire italien
Maison de la Société Belge de Psychanalyse, 49 rue Emile Claus, 1050 Bruxelles
Programme
le 25 novembre, Aisthesis et Psyché, par
Domenico Chianese, Membre formateur de la Société psychanalytique italienne, qu’il a présidé entre 2001 et 2005. Il vit et travaille à Rome.
le 17 mars, Entre indifférenciation et subjectivation, par
Laura Ambrosiano, Membre formatrice de la Société Psychanalytique Italienne
le 9 juin, Eco anxiété. Expériences catastrophiques et espoirs des cultures de groupe, par
Alfredo Lombardozzi Anthropologue, membre formateur de la Société Psychanalytique Italienne, directeur de la Rivista di Psicoanalisi
le 13 octobre 2023, Intérieur/extérieur, psychanalyse et architecture, par
Cosimo Schinaia, Psychiatre, membre formateur de la Société Psychanalytique italienne
La traduction séquentielle sera assurée par Emanuele Ferrigno